L’Ilet à Cordes, 470 habitants, le bout du monde s’accordent à dire certains touristes. Pour nous, habitants de cet Ilet, c’est le début du monde, le début d’un monde. A 1000 mètres d’altitude, après avoir bravés les 40 kilomètres et les 400 virages jusqu’au bourg de Cilaos depuis la côte, il ne vous reste plus qu’à parcourir 10 Kilomètres à flanc de falaise pour atteindre notre village.
L’isolement a longtemps été la raison d’être du village, l’îlet tire son nom de l’époque où il était occupé par les esclaves en fuite.
Ces derniers y accédaient au moyen de cordes, plutôt que de sentiers, afin de ne pas laisser de traces qui pourraient dévoiler leur présence aux chasseurs de marrons lancés à leur poursuite.
Néanmoins, les multiples expéditions de François Mussard, le plus célèbre chasseur de marrons de La Réunion, mettent à jour leurs camps et les lieux étant connus des Blancs, ils sont vite abandonnés par les esclaves fugitifs.
Après l’abolition de 1848, d’anciens esclaves sans ressources sont à leur tour venus défricher les terres de ce village.
Parallèlement, des propriétaires ruinés, appelés par la suite « les petits blanc des hauts » ont fait le même chemin.
Par la même occasion noirs et blancs ont appris à cohabiter, il n’y a plus eu de hiérarchie entre blancs et noirs et, du coup, la barrière de la couleur n’a plus été infranchissable.
A la fin de la Seconde Guerre mondiale et jusqu’à dans les années 1960, quelques familles des îlets du Bras de Saint-Paul, des Songes et des Sources commencent à quitter ces écarts pour s’installer à l’Ilet à Cordes. Durant cette époque jusqu’aux années 1970 le village vivait en autarcie, l’accès au village se faisait par le sentier Ilet à Cordes – Cilaos et le sentier du Reposoir.
La route d’Îlet à Cordes a été ouverte en 1973 et le bitume posé à la fin des années 1980. L’eau est arrivée en 1969, la télévision – un unique poste à batterie – la même année, l’électricité à Noël 1979 et le téléphone en 1987.